Du 17 au 30 Octobre 2020, les Yovos (nom qui désignent les blancs en langue Fon) que nous sommes, décident de braver le test PCR Covid obligatoire et de partir à la découverte de l’ancien royaume de Dahomey et berceau du Vaudou : Le Bénin. En raison des contraintes sanitaires et sécuritaires, notre voyage se déroule essentiellement dans le Bénin littoral et le Moyen-Bénin.
Connaissez-vous le Bénin ?
C’est un des plus petits pays d’Afrique niché au nord du golfe de Guinée, coincé entre le Togo, à l’ouest, et le Nigéria, à l’est et le Burkina Faso au nord-ouest.
Le Bénin compte 11 millions d’habitants, 46 ethnies différentes dont les principales sont les Yorubas et les Adjas qui sont catholiques ou musulmans mais tous adeptes du Vaudou. La langue parlée est le Fon.
Porto Novo est restée la capitale du Bénin, une capitale symbolique car seul le pouvoir législatif s’y trouve.
Côté Mer
Que ce soit en longeant à pied la Route des pêches, cordon de sable qui relie Cotonou à Ouidah ou en marchant sur la presqu’île d’Avlo de Grand Popo pour tenter de se baigner dans la Bouche du Roy (la brèche entre le fleuve Mono et l’océan ), la mer est belle mais tumultueuse. N’empêche que déguster une noix de coco fraîche sous une paillote est un vrai régal !
Avant d’atterrir à Cotonou, nous sommes frappés par la vue qui s’offre à nous. De l’eau partout …En effet la ville s’étend des deux côtés de la lagune. Il y a un large chenal qui relie le lac Nokoué à la mer. Notre premier après-midi consiste à admirer la belle plage de sable blanc bordée de cocotiers qui s’étire sur plusieurs kilomètres tout en dégustant la bière locale : La Béninoise !
Côté forêt
Mais le Bénin c’est aussi une végétation luxuriante que nous pouvons découvrir au fil du voyage comme dans la forêt relique de Niaouli qui est un îlot protégé depuis 1997. On peut y croiser des biches, des mangoustes et des singes. Au bord de la rivière, on aperçoit quelques traces de rituels vodou.
Côté lagune
Les villages lacustres
C’est en pirogue que nous accédons à Ganvié, bourgade lacustre construite sur pilotis aussi surnommée la « Venise de l’afrique ». Elle se situe sur le delta du fleuve Ouemé et de façon étonnante, la ville est structurée en rues, quartiers et marchés. Les cases sont fabriquées avec des pieux en bois sur lesquels viennent se fixer des branchages tressés et des bambous et nous passons la nuit dans l’une d’entre elles. Ses habitants de « l’eau » se sont refugiés dans cette ville pour échapper aux razzias esclavagistes des rois d’Allada et d’Abomey au 18ème siècle. Lors de la deuxième semaine de notre voyage, nous visitons la commune des Aguégués qui elle se situe sur le lac Nokoué. Les enfants se rendent à l’école en pirogue…et donc apprennent très tôt à manier la perche.
Les activités sur et au bord de l’eau
La pêche est l’activité centrale et se retrouve sous toutes ses formes : De la pêche à l’épervier (filet lancé dans l’eau) ou l’Akadja (pisciculture pratiquée dans un enclos enclos fait de pieux et de branchages) en passant par le petit piège à poisson en roseau. En plus des poissons, les béninois pêchent aussi des fruits de mer dont l’huître. La pirogue est un moyen de locomotion indispensable soit pour se déplacer ou récolter des roseaux. Mais ce qui est aussi surprenant c’est le sel qui est récupéré par les femmes après avoir fait chauffé l’eau et est vendu sur le bord de la route.
Paysages
Evidemment pour découvrir tous ces paysages de mangrove, de forêt, de lacs, nous nous sommes déplacés en pirogue à sept reprises et il a parfois été tentant de piquer une petite tête dans la fraiche lagune….
Côté Vaudou
Le Vaudou est la religion traditionnelle des Odja-fon et des Yoruba (2 ethnies du Bénin) mais en fait tous les béninois qu’ils soient catholiques ou musulmans sont adeptes du Vaudou. Cette religion a été exportée par les esclaves et on la trouve encore en Amérique du Sud et en Amérique Centrale. Tous les villages sont protégés par des fétiches à qui les habitants donnent à manger régulièrement ou leur font des offrandes qu’ils peuvent trouver sur les marchés des fétiches comme celui de Ouidah. Nous avons même pu rentrer dans la case d’un chef de culte vers Bapa qui guérit avec sa pharmacopée traditionnelle.
Il existe des couvents qui forment des Vodunsi (adeptes) qui peuvent rentrer en contact avec des divinités au cours de cérémonies. Nous avons d’ailleurs pu assister à l’une d’entre elles à Abomey. 4 cabris ont été sacrifiés pour honorer les divinités de la terre et de la variole. Lors de ces danses rituelles, les « initiés » qui ont réalisé de nombreuses acrobaties ont dansé avec les cabris sacrifiés. Spectacle impressionnant !
Enfin c’est à Ouidah que se trouve le temple des pythons qui est un haut lieu de célébration vaudou. L’animal est sacré et c’est aussi dans ce lieu que les prêtres vaudous se retirent pour prier et chasser les mauvais esprits. Avoir une python autour du cou a été un moment fort du voyage ! Dans la forêt sacrée de Kpassée ouverte aux non-initiés depuis 1992 on peut admirer de nombreuses statues représentant des dieux locaux.
Côté histoire
Ancien royaume de Dahomey
Le royaume de Dahomey est l’un des plus importants d’afrique de l’ouest. Il a été fondé par Houegbadja entre 1645 et 1685. Les rois d’Abomey ont contribué activement à la traite des esclaves. C’est à Abomey qu’on peut visiter le palais royal de Ghézo (1818-1858) et de Glélé (1858-1889) et se faire prendre en photo au pied de la statue de Béhanzin qui est le dernier roi à avoir résisté aux français en 1894.
Route des esclaves
C’est à Ouidah que se trouve la route des esclaves. Contrairement à l’île de Gorée au Sénégal, cet endroit n’évoque rien et pourtant.. cette route longue de 7 kilomètres a été empruntée par 2 millions d’esclaves. Après avoir été vendus aux enchères et marqués au fer rouge, les esclaves faisaient le tour de l’arbre de l’oubli pour oublier leur identité. Ensuite ils étaient parqués dans les cases zomaï, des baraques obscures et exiguës où ils restaient plusieurs semaines ou plusieurs mois, les plus vulnérables étaient enterrés vivants dans une fosse. Enfin avant de s’embarquer pour une nouvelle vie, ils tournaient 3 fois autour de l’arbre du retour puisqu’on savait que leurs âmes reviendraient. En 1992 de nombreuses statues ont été érigées et tout au bout du chemin la porte de non retour rend hommage à cette sombre page de l’histoire. Cependant certains esclaves affranchis sont revenus au pays et ont reproduit des habitations inspirées par les maisons coloniales construites par les portugais. Le style architectural se nomme style afro-brésilien.
Côté village
Villages béninois
Les villages au noms enchanteurs comme celui de Tchakaloké près de Dassa sont beaux dans leur simplicité avec leurs jolis greniers à grains en forme de cases. Les enfants sont curieux de voir des Yovos rentrer dans leur cours, les femmes plaisantent et les chèvres se blottissent les unes contre les autres pour avoir un peu de repos. Et dès qu’on a besoin d’un peu d’essence, hop on s’arrête chez la vendeuse qui remplit le réservoir avec sa dame- jeanne.
Activités dans les villages
Tout se fabrique : les vêtements chez le couturier, les outils des champs chez le forgeron, le djembé en Iroko chez Alphonse, les ustensiles de cuisine en aluminium coulés dans des moules en terre chez Bernard à Adjara, la farine chez le meunier. Pendant que les femmes concassent la pierre à Tchakaloké, d’autres encore fabriquent des poteries sans tour à Sé. L’argile prélévé dans la carrière située à 10 kilomètres est d’abord séchée puis mélangée à l’eau. Si elle est cuite à l’air libre, il faut mettre des pots cassés.
Agrotourisme
Il se fait de différentes façons, soit parce que l’on décide juste avant de faire une ballade en pirogue de s’arrêter chez ce petit producteur de persil près de la plage de Cotonou ou alors lors d’un séjour en ferme agropastorale chez Yves, le roi de l’ananas frais ou séché qui nous explique la différence entre les variétés « pain de sucre » et « Cayenne ». Il y aussi Hyacinte à Dassa qui élève des poules, des cochons et envisage d’installer des ruches kenyanes et Brice qui s’est spécialisé dans l’escargot. Tous sont passionnés et ont d’innombrables projets pour leurs communautés. Pour terminer près de Porto Novo se trouve une ferme modèle intégrée et créée par une dominicain : Songhaï. C’est un centre de formation et on y trouve de l’élevage, des plantations de fruitiers, des bassins piscicoles. Du biogaz ainsi que de l’engrais sont fabriqués à partir de la fiente et autres déchets verts. Songhaï recycle aussi du plastique et fabrique des briques de terre.
Côté marché
Tous ces bons produits sont bien entendus en vente sur les différents marchés où nous avons pu déambuler : marché de Dantokpa à Cotonou ou marché des poissons de Ganhé près de l’embarcadère pour aller vers Ganvié. Les fruits et légumes sont bien présentés sur des plateaux fabriqués en rotin.
Côté gastronomie
Evidemment à part la fameuse bière béninoise, il y a le jus d’ananas incontournable d’Yves mais aussi l’apéritif béninois par excellence : le SODABI. C’est du vin de raphia ou de palme distillé par un bouilleur de cru qui devient une eau de vie qu’on agrémente avec du Moringa, du citron vert selon les envies. Nous avons pu déguster de nombreuses spécialités comme le cochon grillé ou kpédé, Hankpété (sauce à base de sang de porc), Dakoin (plat de poisson servi avec de la pâte), l’igname pilé (un dur métier), les fromages peuls qui sont servis frits (un vrai régal) et les escargots…
Un grand merci à Sadidi de nous avoir fait découvrir son Bénin !