AU PAYS DES MAURES

ou

« Notre aventure après s’être échoués sur les côtes mauritaniennes… »

Du 18 Février au 4 Mars 2023, nous nous décidons enfin à partir à la découverte de la Mauritanie. Cette idée de voyage nous trottait dans la tête depuis 2019 mais là c’est sûr Thérèse ne postule pas sur le poste vacant du lycée français Théodore Monod de Nouakchott et la température est idéale à cette période de l’année. A notre arrivée, notre excellent guide Zouber nous accueille avec un « Bienvenue au pays des millions de poètes ! » dans sa drahaha en bazin (tenue traditionnelle)

et nous rencontrons notre chauffeur Mohammed Lemine que Thierry appelle Mohammed Salim pendant toute la durée du séjour… Hi ! Hi !

Notre voyage se déroule en deux temps : 5 jours de trek dans le Sahara, puis découverte de la partie nord et nord-est du pays en 4X4. Bismillah !

La République Islamique de Mauritanie

La Mauritanie dont l’origine du nom serait une déformation d’un maure tanné est un pays du Maghreb, grand comme 2,5 fois la France. Il est entouré au nord par le Maroc et l’Algérie, le Mali à l’est et au sud par le Sénégal. Le Sahara occupe les 2/3 du territoire. En ce qui concerne sa population, il est composé de Maures à 75% mais il y aussi quelques Wolofs, des Toucouleurs, des Soninkés, des Peuls et des Bambaras. 99% des 5 millions d’habitants de cette république islamique sont musulmans. Il ne reste plus que 5% de nomades qui pratiquent le commerce transsaharien transportant principalement du sel à dos de dromadaires. La langue officielle est l’arabe dialectal (hassanya). L’économie mauritanienne est basée sur la pêche et l’extraction de minerais. En zone oasienne, la composante agricole repose principalement sur le palmier dattier qui fait le bonheur de nos papilles lors des pauses pendant le trek.

Partie 1 – LA MAGIE DU DESERT

Rencontre avec l’équipe

Après une bonne nuit à l’auberge K de Nouakchott, nous partons vers l’Adrar en empruntant la route goudronnée, direction Nord Est. Pendant des heures le paysage est désolé.

Puis à partir d’Akjoujt, seule ville du parcours avec sa mine de cuivre réouverte depuis 2 ans, le paysage change et les premiers reliefs apparaissent. Dans un village, nous faisons une petite pause brochettes de foie de dromadaires (Miam) et thé (qui deviendra notre quotidien)

En reprenant la route nous découvrons de très beaux paysages avec des pitons rocheux et avons nos premiers contact avec les Calotropis Procera, petit arbuste commun qui produit du latex.

Finalement, au bout de 6 heures de voiture, nous arrivons dans l’Adrar, région la plus touristique en raison de ces majestueuses dunes, ses plateaux tabulaires et ses oasis. Après avoir traversé le massif de l’Amatil, nous rejoignons notre bivouac.

C’est là que nous faisons connaissance de nos deux chameliers : Ahmed Salem et Beida et leur 4 dromadaires (Zeran, Xayel, Souaeed, Zouleil) qui transporteront nos sacs et tout l’attirail dont nous avons besoin pour bivouaquer pendant 5 jours : tentes, ustensiles de cuisine, bidons d’eau, vivres…

Timinit

La première matinée de randonnée consiste à se rendre au village de Timinit avec ses arbres nommés Prosopis Joliflora. Nous rencontrons une famille qui nous accueille avec un grand bol de lait caillé pour nous souhaiter la bienvenue. La plupart des habitations sont des maisons saisonnières (utilisées pendant la récolte des dattes) très aérées fabriquées avec du bois de palmier dattier ou en briques de grès avec un toit en feuillage. Elles comportent des fenêtres basses pour faciliter la ventilation. Il y en a deux types : les Tikit (rondes) et les Mahmel (rectangulaires).

L’après-midi, nous faisons la rencontre de Lionel et sa fille Lilou qui feront 3 jours de trek avec nous.

Le soir comme les soirs suivants, nous allons admirer le coucher de soleil sur la dune.

Rituels des bivouacs

Même si on se lave peu en bivouac, Zouber nous explique que l’hygiène est un élément important. C’est ainsi que nous faisons connaissance de « Marcel » (qui veut dire lavabo en arabe) et qui sera notre compagnon de voyage. Plusieurs fois par jour, on pose la question: « Mais où est Marcel ? »

Tous les soirs, les chameliers installent le campement c’est-à-dire qu’ils montent la khaïma (cette magnifique tente traditionnelle mauritanienne) blanche à l’extérieur et décorée à l’intérieur, déchargent inlassablement tous les sacs des dromadaires. Le matin, il faut tout remballer et faire la même chose à midi pour libérer les dromadaires de leur charge et les laisser brouter les acacias alentour.

Pour les repas on nous installe des matelas de part et d’autre d’une natte. Beida nous prépare matin, midi et soir le thé des nomades dans une petite théière sur un lit de braise. Le rituel est difficile à comprendre tant il verse, reverse et re-reverse plusieurs fois le thé vert dans la théière et dans les minuscules verres. Il y a 3 thés toujours très sucrés mais c’est bon….. Un soir Ahmed Salem nous fait la galette traditionnelle (mélange de farine et d’eau) cuite sur les braises dans le sable et appelée kisra. Très bon mais très ferme. Même si nos conversations sont limitées, on perçoit que les phrases sont ponctuées de nombreux Inch’allah et on se dit Salam Alekum le matin et Aïchasaïda le soir.

Des champs de dunes aux Canyons

Qu’il est bon de parcourir une vingtaine de kilomètres par jour sans penser ou en pensant avec du recul et tout en s’émerveillant des paysages mais aussi des richesses du désert. Là, une pierre qui ressemble à un fossile de fougères, des tumulus où ont été enterrés des nomades décédés des suites d’une piqure d’une vipère à cornes, là-bas, des gueltas (réserves d’eau naturelles), un puits utilisé par les chameliers. Et puis enfin là-haut, en haut de la dune qu’il est difficile d’escaler tant nos pieds s’enfoncent dans le sable, sous un rocher se trouvent des girafes rupestres datant de 6000 ans. Belle récompense ! Des champs de dunes d’Erma en passant par la vallée blanche, Chatou es Saghir, Chatou es Kebir au Canyon Tenzend, ce qui surprend c’est cette nature qui impose le respect et ses couleurs très belles, très orangées en fin de journée. Nous terminons notre trek par un arrêt à l’oasis de Terjit qui constitue à la fois notre bain et baignade bien appréciée après 5 jours avec peu d’eau. Après avoir quitté nos compagnons de voyage, nous entamons la deuxième partie et remplaçons nos deux jambes par quatre roues motrices.

Que de belles et longues marches dans ces paysages fantastiques mais il fallait bien qu’on essaie aussi le dromadaire!

Changeons de monture et prenons notre cheval de fer et allons à la découverte des incroyables pépites de la Mauritanie!

Partie 2 – LES SURPRISES DE MAURITANIE

Fort Saganne et peintures rupestres

Dans la passe d’Amogjar, nous apercevons les ruines d’un fort construit pour les besoins du tournage  du film le plus cher du cinéma français à l’époque (1984), Fort Saganne, dont les acteurs principaux étaient Gérard Depardieu, Sophie Marceau, Philippe Noiret et Catherine Deneuve.

Zouber qui a vu le film plusieurs fois nous donne envie de le visionner. Plus loin, c’est avec plaisir que nous retrouvons des peintures rupestres d’Agrour plus faciles d’accès que les premières mais tout aussi intéressantes. Il y a des éléphants, encore des girafes qui témoignent que 6000 ans plus tôt, le pays était luxuriant.

Chinguetti

C’est l’une des 4 villes classées au patrimoine mondial de l’humanité avec ses 12 bibliothèques renfermant environ 3000 manuscrits dont les dates les plus anciennes remontent au 11ème siècle. Chinguetti est la capitale spirituelle de la Mauritanie car elle servait de point de départ aux pèlerins qui se rendaient à la Mecque. Dans la vieille ville dont le bâtiment le plus remarquable est la mosquée avec sa tour carrée dont les 4 angles sont surmontés d’œufs d’autruche, nous avons la chance de visiter deux bibliothèques. Celle d’Ahmed Mahmoud qui arbore fièrement la devise « Le savoir est la seule richesse que l’on peut distribuer sans risque de se ruiner » qui est plus un musée sur l’histoire de la Mauritanie puis celle la fondation Sidi Mohamed Ould Habott plus intéressante car elle comporte 1400 manuscrits. La plupart des  ouvrages sont archivés pour les protéger de la lumière et de la sécheresse. Certains ont commencé à être scannés car ils sont abimés avec le temps. Nous avons eu la chance de voir quelques originaux avec des enluminures traitant de l’arithmétique et l’astronomie. Très beaux !

Dans les entrailles de la Terre : la mine de Zouérate

Après avoir passé la nuit dans l’hôtel réservé aux employés de la SNIM (Société Nationale Industrielle et Minière), nous partons dès le lendemain visiter la mine de fer à ciel ouvert qui compte 8000 employés et qui est l’un des 4 fournisseurs de fer au monde avec l’Australie, le Canada et le Brésil. C’est dans cet univers rouge que nous découvrons les 3 premiers concasseurs avant la trémie de chargement et l’ancien tunnel datant de 1963 aujourd’hui servant de musée puisque les forages se font désormais plus loin. Nous croisons de gros engins de chantier très impressionnants et au loin se dresse fièrement le point culminant de Mauritanie à 915 mètres : Kediet-ej-jill.

Le « petit » train de la mine de Zouérate

Ensuite le minerai est acheminé à Nouadibou sur la côte à plus de 600 kilomètres de Zouérate dans un train longtemps considéré comme le plus long du monde puisqu’il fait 2,5 de long, le plus lent et le plus lourd. C’est à bord d’un des wagonnets qu’avec nos lunettes de ski, nous accompagnons le minerai pendant 3 heures de temps. Une expérience insolite à bord du « train de la mine » où nous ressortons avec le visage noirci et garderons de la poussière dans nos cheveux jusqu’à notre retour à Nouakchott! Nous ne sommes pas les seuls à voyager ainsi dans ces wagons minéraliers puisque dans le wagon d’à côté, il y a d’autres passagers dont un âne !

Aurions nous dû plutôt prendre cet autre train?…

Le monolithe de Ben Amira

Nous reprenons la route, longeons longtemps la voie de chemin de fer…..puis après un petit arrêt à Choum…..

Le plein est fait!

Nous finissons par arriver au pied de ce monolithe de granit très impressionnant qu’est Ben Amira. C’est le plus grand d’Afrique et le 3ème au monde après Uluru et le Mont Augustus en Australie. Il nous faudra 2h de marche pour en faire le tour! Beau caillou!

Une légende raconte qu’il était marié avec Aïcha et qu’après qu’il ait découvert que sa femme avait un galant, il s’est mis en colère et l’a repoussée plus loin à 5 kilomètres environ…

Les sculptures sur granit d’Aïcha

A notre grande surprise, nous découvrons sur Aïcha des sculptures qui ressemblent à celles qui se trouvent sur le site de Laongo, le musée à ciel ouvert se trouvant à une trentaine de kilomètres de Ouaga. Pas étonnant car l’organisateur du Symposium qui a eu lieu entre Décembre 1999 et Janvier 2000 n’est autre que Siriki Ky, le même que celui de Laongo. Toujours aussi agréable de découvrir ces sculptures cachées sous une pierre !

Les lanches du Banc d’Arguin

En route maintenant pour quelques heures de véritable « Paris-Dakar »…

Pas un acacia pour pique-niquer! Seulement quelques abris en ferraille, vestiges des chantiers de construction ferroviaire….

Le banc d’Arguin est une réserve classée au patrimoine de l’humanité depuis 1989 en raison de son fantastique écosystème et de sa richesse halieutique. Il occupe 180 kilomètres du littoral pour une surface totale (parties maritimes et terrestres confondues) d’environ 12000 km2. On fait connaissance du lieu en s’arrêtant dans le village de pêcheurs d’Iwik.

C’est à bord d’une lanche canarienne manipulée par des pêcheurs Imraguen (dont l’origine est berbère) que nous dégustons un poisson fraichement péché. Ces embarcations sont équipées de voiles latines amenées par les pécheurs des îles Canaries au début du 20ème siècle.

Nouakchott et ses pêcheurs

Notre dernière journée se passe principalement sur la plage des pêcheurs. L’ambiance est agréable. On voit des hommes qui proposent de faire des tours à cheval, de tirer à la carabine et des femmes viennent faire connaissance à l’ombre de notre khaïma. Plus loin on assiste au retour des pêcheurs avec leurs bateaux multicolores…les mêmes qu’au Sénégal ! C’est normal car ce sont des Wolofs qui pratiquent cette activité. Des carioles tirées par des ânes viennent récupérer le poisson pour qu’il soit directement vendu à la halle proche de là.

Après avoir fait l’acquisition de deux magnifiques khaïmas au marché des tentes mauritaniennes et passé une dernière excellente soirée en compagnie de Sidi et Zouber …

Il n’y a plus qu’à rentrer à la maison avec du sable dans les bagages et tous ces souvenirs dans nos têtes…

Choukran beaucoup à l’équipe de Sidi Rando !

Musique : Khalifa Ould Eide & Dimi Mint Abba – My Young People Do The Youth Of Nations Invite

3 commentaires Ajoutez le votre

  1. Neveu Corinne dit :

    Coucou, superbe blog encore une fois! J’ai enchaîné avec le Rwanda que je n’avais pas vu; donc je suis partie en Afrique pendant plus d’une heure! Et j’ai appris beaucoup de choses mais la plus belle chose est de voir tous ces visages accueillants et chaleureux qui vous entourent et vous qui êtes tellement ouverts à votre entourage ! Très chouette et bien documenté! Merci beaucoup, même la musique est présente et m’a accompagnée lors de ce petit voyage sur ma chaise 🙂

  2. Joël dit :

    Superbe carnet de voyage avec des photos magnifiques.
    On attend le suivant !
    Amicalement

    1. Thierry dit :

      Merci Joël. Au plaisir de se revoir peut-être cet été. Bonne suite à vous

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