AKWABA EN TERRE D’IVOIRE !

Du 13 au 27 février 2021 la Côte d’Ivoire s’impose à nous. Sa proximité du Burkina, sa variété de paysages, sa réputation de terre d’accueil, son peu d’exigences au niveau sanitaire et nous voilà partis pour de nouvelles découvertes ! Nous choisissons de découper notre voyage en 3 parties : la savane aride au nord en pays Sénoufo, les montagnes tropicales en pays Dan à l’ouest et la côte entre océan et lagunes au sud.

LA COTE D’IVOIRE EN BREF

La côte d’Ivoire dont l’éléphant est l’emblème du pays a une taille à peu près égale à celle de l’Allemagne. Elle est baignée par le golfe de Guinée au sud, délimitée par le Libéria et la Guinée à l’ouest, le Mali et le Burkina au nord et par le Ghana à l’est.  On compte 24 millions d’habitants, une soixantaine d’ethnies dont les principales sont les Baoulés, les Malinkés et les Sénoufos. Comme le disait le père de la nation ivoirienne, Félix Houphouët Boigny « En Côte d’Ivoire, il y a 50% de chrétiens, 50% de musulmans et 100% d’animistes ». Au niveau économique, le pays est le 1er producteur mondial « d’or brun » ou cacao avec 40% de la production mondiale. La Côte d’Ivoire a aussi mis en place une protection de ses milieux naturels au travers de ses nombreux parcs nationaux, réserves naturelles et forêts classées.

 KOHROGO

Après juste 1heure 30 de vol, nous atterrissons à Abidjan, capitale de la Côte d’Ivoire, passage obligé avant de repartir le lendemain en petit coucou direction Korhogo au nord du pays. Nous y retrouvons le climat sec et aride de la brousse sahélienne. En effet nous ne sommes pas si loin du Burkina Faso ! En d’autres temps, nous aurions pu prendre notre voiture, aller à Bobo Dioulasso et traverser la frontière pour arriver dans la 4ème ville de Côte d’Ivoire du district des Savanes réputée pour la richesse de ses traditions artisanales et artistiques. Notre guide Petit Solo nous conduit 3 jours durant à bord d’un taxi bringuebalant à la découverte de la capitale Sénoufo dominée par le Mont Korhogo, son gardien et sa constellation de villages d’artisans. La spécialité culinaire de la région est le Kédjénou qui est un ragoût de pintade mijoté dans des légumes que nous dégustons dès le diner. Très bon !       

L’OR BLANC

La communauté Sénoufo essentiellement paysanne cultive principalement le coton, l’anacarde et la mangue. Le premier jour en chemin en plus de goûter au fruit astringent de l’anacarde (dont la graine qui se trouve à l’extérieur du fruit est la noix de cajou), d’admirer la jolie fleur de Néré aux multiples usages dont la confection de cubes Maggi, nous découvrons des « congères » de coton dans un village après avoir longé la piste bordée de baobabs. Les villageois attendent que leur récolte soit récupérée par une société cotonnière qui leur donnera 300 FCFA par kilo soit 45 cents d’euros pour chaque kilo de coton. De l’agriculture va naturellement naître de l’artisanat et même de l’art. 

TISSERANDS

Plusieurs villages autour de Korhogo s’adonnent au tissage mais Waraniéné est le village où nous nous arrêtons. Les hommes tissent de père en fils à même le sol sur des métiers à tisser posés à même le sol. La longueur des fils est impressionnante car elle s’étend sur une dizaine de mètres. Un jeune propose à Thérèse de tester le métier mais la coordination des mouvements est difficile. Ce qui est le plus compliqué est d’actionner les pédales constituées de deux bouts de bois qui sont coincés entre les orteils. Le coton tissé permet de réaliser des bandes de cotons épaisses d’une dizaine de centimètres de largeur qui permettront ensuite de confectionner de très jolis boubous, robes, tuniques et nappes.

ARTISTES PEINTRES

Après quelques kilomètres de piste se trouve le village aux allures de bout de monde de Fakaha qui est pourtant réputé pour ses toiles mondialement connues, les toiles de Korhogo. Il parait même que Pablo Picasso aurait séjourné un mois durant dans le village et se serait inspiré des dessins symboliques… Légende plus que réalité d’après les experts… laissons planer le doute ! Là, dans une des cases rondes un peintre nous fait une démonstration. Il cloue un tissage de coton blanc épais sur une planche épaisse à même le sol et trace les motifs sans ébauche à l’aide d’une lame métallique sur laquelle il repassera avec une lame plus large. Comme pour le Bogolan (cf. article de décembre 2020), il y a trois couleurs : le brun obtenu à partir de sève d’arbre bouillie, le noir qui est le résultat de macération de mil et de maïs mélangés à des déchets de fer pour l’oxydation et le rouge (écorces de mil). Evidemment nous tombons sous le charme de ces tentures sénoufos aux motifs symboliques : des animaux et des personnages symboliques entremêlés de compositions géométriques. Plus loin dans une autre case, des femmes filent le coton autour d’une tige de bambou surmontée d’une perle colorée fabriquée dans le village d’à côté.                                    

FORGERONS

C’est dans le village de Koni que Soro Sionkaman nous explique ce qu’est la forge à l’ancienne de l’extraction du minerai brut à la livraison du produit fini. En effet les artisans vont extraire le fer du minerai ferrugineux qui ressemble ni plus ni moins qu’à de la terre dans le bas du village. Il faut qu’ils utilisent un aimant pour nous prouver qu’il ne s’agit pas d’un vulgaire tas de sable car visuellement on ne peut rien deviner. Ensuite cette terre est lavée puis le forgeron forme 40 boules qu’il fera sécher 24 heures avant de les placer avec du charbon de bois dans le haut fourneau auquel il accède par une échelle. Il aura aussi au préalable fabriqué des bouches de tirage en banco (mélange terre et paille) qui permettent à l’air de circuler. Le lendemain un énorme bloc de métal est obtenu. Il devra encore être purifié avant de repasser dans le four pour être prêt à être forgé. Un système de soufflet manuel permet d’obtenir les flammes nécessaires à assouplir le fer pour le forger en outils agricoles principalement. 

PERLIERS

C’est la visite qui nous a la plus émerveillée ! A Képélé, les hommes ont compris qu’à partir de l’argile et toutes les couleurs que peuvent donner les plantes, ils pouvaient fabriquer des perles multicolores.  Encore une fois, un maître perlier nous explique comment la boule travaillée au préalable est modelée avec du beurre de karité avant d’être percée avec une tige de bambou et séchée 24 heures. Les perles sont ensuite cuites dans un four à l’étouffé dans le sol. L’orfèvre repositionne sa perle séchée le lendemain sur sa tige en boubou, la coince entre deux orteils et la fait tourner comme une toupie pour pouvoir peintre à l’aide de minuscules plumes différents motifs (points, rayures.). Toutes les couleurs sont dans la nature. Le kaolin fournit le blanc, les feuilles de kinkéliba le vert et le rouge est obtenu avec les jeunes pousses de teck. A la fin toutes ces perles sont assemblées et permettent de confectionner des bracelets, boucles d’oreilles et colliers tous aussi beaux les uns que les autres. Il nous est difficile de résister à l’achat de ses produits 100% naturels !         

SCULPTEURS

L’art sénoufo est réputé mondialement et de nombreux sculpteurs du quartier de kôkô reproduisent masques et statues utilisées lors de cérémonies. Cette profusion de bois sculpté montre l’importance du sacré dans la vie quotidienne. Une visite aux antiquaires du coin nous permet de le comprendre en déambulant au beau milieu des magnifiques chaises royales, des chaises à palabre, des lits mortuaires, des statuettes, masques et objets de la vie quotidiennes. Tout est poussiéreux mais magnifique !

FETICHISME

OFFRANDES ET SACRIFICES

Le deuxième jour nous partons en direction du rocher sacré qui se situe dans un site remarquable où les femmes exercent le métier de casseuses de pierres. Là nous avons la chance d’assister à une cérémonie animiste. Notre guide nous explique que quel que soit leur religion, tous les ivoiriens sont animistes.  En effet une visite rapide au quartier des grigris et amulettes du marché de Korhogo nous permet de le comprendre aisément. Sur le site du rocher, un paysan habillé en tenue traditionnelle sénoufo se présente au rocher accompagné d’un sacrificateur pour résoudre son problème (envoutement, problème de santé, d’argent…). L’homme doté de pouvoirs jette du mil au pied du rocher en expliquant dans son dialecte le souci, entre en communication avec le rocher en baillant et ensuite lance 3 noix de kola qui doivent tomber sur le dos (partie bombée) pour signifier que le sacrifice sera suffisant. Si le vœu est exaucé, le paysan devra revenir faire son sacrifice (poulet, chèvre, mouton, bœuf). Plus loin, il y a un petit autel avec des représentations de génies, des cauris…. que nous ne sommes pas autorisés à prendre en photo. C’est là que la clairvoyante peut interroger les génies en cas de plus gros problèmes. La cérémonie terminée nous discutons avec le sacrificateur qui nous explique qu’il a été choisi par le génie et qu’il a dû abandonner sa vie qu’il menait auparavant pour se consacrer désormais à sa nouvelle fonction.

En redescendant, nous nous arrêtons discuter avec les casseurs et casseuses de cailloux dans une carrière à ciel ouvert. Pénibilité et solidarité forcent le respect pour les membres de cette digne communauté.

CASES FETICHES

Après une 1h00 de piste en toile ondulée où nous nous retrouvons recouvert de poussière de latérite, nous arrivons au pittoresque village de Niofoin. Nous y faisons une pause bien méritée au maquis du coin et dégustons l’agouti (ragondin) dans une sauce épicée accompagné de foutou (ignames et plantains pilés dans un mortier en bois jusqu’à obtenir une boule molle et lisse). Dans les maquis deux types de viande de brousse sont en général proposées : l’agouti donc et la biche qui n’est autre qu’un terme générique pour désigner tous types d’antilopes. Nous partons ensuite visiter le quartier-village originel adossé à une forêt sacrée. Accompagnés d’une horde d’enfants espérant un cadeau, Petit Solo nous explique que pour qu’une forêt soit sacrée, elle doit nécessairement avoir des fromagers et des baobabs.  Deux grosses cases fétiches ressemblant à des maisons de Schtroumpf avec leur toit de chaume conique abritent en fait des entités qui protègent le village. La case qui reçoit une couche de chaume supplémentaire tous les ans et avec des motifs sculptés sur ses murs en banco est la case hôpital qui prévient de la malédiction et des maladies. L’autre est dépositaire des vœux des habitants et demande des sacrifices de chiens pour les exaucer. Seuls les initiés sont autorisés à pénétrer dans les cases fétiches. Sur la place principale se trouve la case à palabres faite de branchages. On peut aussi observer de magnifiques greniers à grain très hauts et très étroits qui font la particularité de la région de Korhogo.

DANSES DU BALAFON

Lors de notre dernière soirée, à califourchon sur une moto à la mode locale c’est-à-dire sans casque, nous nous rendons dans un village qui célèbre les funérailles d’une vieille dame. Après avoir reposé sur un lit mortuaire sénoufo, le corps est enterré dans le cimetière du village. Des musiciens revêtus de tenues traditionnelles et de casques surmontés de plumes d’autruche sont venus des villages alentours pour jouer et faire danser les gens du village qui agitent des feuilles et des queues de cheval. Les groupes jouent de la kora (instrument à corde) et du balafon (xylophone fabriqué à partir de bois d’évène et de calebasses dont nous avons eu la chance de voir la fabrication la veille). L’ambiance est festive dans le village. Il y a des vieilles femmes prêtes à faire des rituels dans le cimetière, des jeunes initiés reconnaissables à leur cache sexe qui dansent autour du lit mortuaire, des vendeurs de médicaments. Nous sommes les seuls toubabs (nom donné aux blancs en côte d’ivoire) et encore une fois avons le sentiment d’être privilégiés de vivre ces moments authentiques en toute liberté alors que nos amis et notre famille sont confinés en France.  

MAN, LE PAYS DES 18 MONTAGNES

Le lendemain, c’est cette fois-ci en bus que nous relions Korhogo à Man. Au fur et à mesure que nous progressons, le pays aride et sec du nord se transforme en paysage vert luxuriant. La route est longue et souvent en mauvais état, nos sièges étroits et inconfortables et nous mettons 8 heures pour parcourir les 500 kilomètres…. A l’arrivée nous trouvons une petite ville de 250 000 habitants entourée de montagnes boisées à un jet de pierre des frontières libérienne et guinéenne. Notre guide Ahmed qui va nous accompagner pendant 4 jours nous apprend que l’ethnie majoritaire se prénomme les Yacoubas, qu’en réalité il y a plus de 18 montagnes et que la ville est jumelée avec Besançon. Le nom de Man vient de Manpleu (pleu signifie village en langue yacouba) qui était la fille du roi enterrée vivante par son père pour protéger la ville. Son corps repose dans la forêt sacrée où se trouvent un babouin solitaire et de nombreux macaques friands des bananes que les touristes apportent. Man est typique de la religion ivoirienne avec la présence d’une mosquée et d’une église ainsi que la pratique de l’animisme par musulmans et chrétiens. Comme à Korhogo on y tisse des pagnes traditionnels en bas d’une montagne (décor magnifique !), des sculpteurs continuent à représenter les masques traditionnels Dan et certains utilisent le kolatier (rien à voir avec les noix de kolas) qui est un bois très rouge de toute beauté qu’on ne trouve que dans la région de Man pour en faire des sculptures modernes.

DENT DE MAN

Le Lendemain c’est avec un peu d’appréhension que nous partons faire l’ascension de la dent de Man, qui est un imposant pic granitique poli par l’érosion. Cela fait des mois que nous n’avons pas randonné et même si la dent ne se situe qu’à 888 mètres, son sommet est abrupt. Après avoir traversé un sentier tropical où Thierry décide d’aider un agriculteur à former un tas pour planter de l’igname histoire d’utiliser la bèche locale et de sentir la consistance de la terre, nous pouvons découvrir sa plantation d’hévéa. Nous apprenons qu’un litre de latex sera payé 300 FCFA tout comme le coton près de Korhogo. Dur labeur très mal rémunéré ! En chemin Ahmed nous fait découvrir la variété de manioc qui permet de faire l’attiéké ou semoule de manioc qu’on déguste avec les différentes spécialités ivoiriennes. Ces différents arrêts nous permettent de grimper allégrement au sommet de la dent qui est en fait est composée de deux dents, une petite et une grande. La dent est aussi est un lieu sacré où ont lieu des sacrifices le 6 janvier. En pays Yacouba nous explique Ahmed, on reconnait un lieu sacré par la présence de yuccas. La vue d’en haut sur le village de Man et ses montagnes est juste sublime. Au retour un arrêt aux cascades nous permet de nous rafraichir dans un cadre naturel vivifiant avant de repartir.

L’après-midi nous réserve une petite surprise puisque des villageois nous amènent près de la rivière pour nous montrer comment ils distillent l’alcool local (à partir de sucre en sac et de levure achetés en sacs ! Pas synthétique mais pas très local hormis la distillation !), le Bailey ou Koutoukou en yacouba que nous sommes bien évidemment obligés de déguster. Il est un peu tôt (15h) pour boire de l’eau de vie mais nous acceptons volontiers de discuter avec les hommes du village qui nous invitent à une course de masques qui aura lieu le surlendemain. Des femmes nous montrent aussi comment elles pilent le maïs pour en faire de la farine qui servira à la fabrication du tô (pate semblable au foutou) et un homme nous explique comment on fabrique l’huile rouge, l’huile de palme. Il y aussi du riz et du café qui sèchent à même le sol sur des bâches. C’est un excellent moment passé et nous avons hâte d’assister à la course de masques.

MONT TONKPI

On ne gravit pas cette grande montagne qui s’élève à 1289 mètres d’altitude et qui constitue le sommet le plus élevé de Côte d’ivoire, on la domine du haut de la tour radio-télécom après avoir monté ses 325 marches. De la plateforme on a une vue à 360 degrés sur les 18 montagnes et au loin sur les chaines montagneuses du Libéria et de la Guinée.  En contrebas se trouve la maison du dernier gouverneur qui n’était autre que Pierre Mesmer de 1954-1956. Sur le chemin du retour nous nous arrêtons à Goinpleu où les enfants nous interpellent avec des « Kwui, kwui » (ce qui signifie blanc en yacuba). Ahmed nous explique que les cases rondes sont pour les femmes qui y vivent avec leurs enfants et principalement leurs filles et les cases rectangulaires sont réservées aux hommes qui y accueilleront leur fils à partir de 7 ans. A l’âge de l’adolescence et une fois initié dans la forêt sacrée, le jeune homme pourra avoir sa propre maison rectangulaire fabriquée en briques de banco et pourra construire les cases rondes aux femmes qu’il épousera. L’une des maisons nous intrigue car elle comporte de nombreuses empreintes de mains blanches. L’une des filles de la maison a quitté sa famille pour aller se marier et ses amis lui ont laissé ce signe en kaolin en signe d’aurevoir.

COURSES DE MASQUES

Nous assistons à deux courses. La première à Man, il s’agit des quarts de finale. Dans un grand champ, type terrain de foot entouré de balustrades en feuillages, deux équipes d’initiés s’affrontent : les initiés avec masques et les initiés sans masque qui ont suivi la formation dans le bois sacré. Le principe est simple : l’initié avec masque doit attraper le coureur sans masque de l’autre village. S’il y arrive, son équipe remporte le point. L’initié masqué porte soit un masque d’homme (yeux ronds) soit un masque de femme (yeux fins) et un pagne avec des fibres. Seuls les garçons peuvent porter le masque, les filles n’en ont pas le droit. Pendant que les deux « équipes » s’affrontent il y a des joueurs de tambour qui encouragent les coureurs mais ils sont bien éméchés car le mélange bangdji (vin de palme) et koutoukou font leurs effets. Le lendemain nous assistons à une autre course de masque mais dans un petit village cette fois. Le principe est le même mais l’ambiance est plus authentique car plusieurs villages se sont rassemblés pour encourager leurs coureurs. L’arbitre et celui qui s’occupe de la sécurité ont du mal à se faire respecter et il nous est difficile de comprendre les règles qui semblent floues et sujettes à palabres. Dans les deux cas, ces fêtes servent à marquer la fin des récoltes et tout le monde s’amuse.

BIANKOUMA

Village animiste

Il est situé à 45 km de Man et comprend 10 familles, 9 aux fonctions différentes (chasseurs, protecteurs du village…) ayant tous une case sacrée et la dernière qui est la famille des griots considérée comme la basse classe. Eric, un collègue d’Ahmed nous présente les différentes familles animistes, nous fait pénétrer dans la case d’une vieille femme de village pour comprendre l’organisation intérieure et au cours de la visite, il pointe les différents lieux de sacrifices (arbre à 3 feuilles, cases sacrées, pierres). Il nous présente la féticheuse qui n’est autre qu’une jeune femme de 29 ans à qui les pouvoirs lui ont été révélées lors d’un songe il y a deux mois seulement. Elle n’a désormais plus l’autorisation de toucher son mari et a dû être mise à l’épreuve par les génies dans la forêt sacrée. En fait autour du village se trouvent 3 forêts sacrées toujours reconnaissables à leurs immenses yuccas : celle des hommes, celles des femmes et celles des masques seulement accessibles aux hommes. La féticheuse a le regard pénétrant et elle nous dit qu’elle reçoit 15 patients par jour. A l’entrée de sa case il y a de la cendre protégeant des mauvais esprits et visiblement un sacrifice a eu lieu puisqu’on peut voir des plumes blanches de poulet. Plus loin les femmes des griots (crieurs, ambianceurs du village) confectionnent des poteries rondes qu’elles font tourner sur un support en argile sur lequel se trouve du gombo (petit légume gluant de la taille d’un cornichon). L’une d’entre elle nous fait goûter à des termites séchés au soleil qui seront ensuite grillés. Nous le faisons du bout des lèvres mais finalement nous trouvons que c’est bon car il y a un petit goût subtil de noisette et décidons d’acheter un petit paquet au marché que nous visitons juste après.

Marché

Comme nous sommes lundi, toutes les femmes des villages alentours sont présentes pour vendre légumes, feuilles, graines, céréales et pagnes et autres articles indispensables de la vie quotidienne. Certaines femmes vannent le riz pour en retirer les particules légères, d’autres grillent des arachides qui seront ensuite vannées, pilées et transformées en pâte pour faire la fameuse sauce arachide. Tout est coloré, les enfants jouent au babyfoot et c’est toujours un véritable bonheur que de déambuler sur ces marchés riches en denrées de toutes sortes ! Thérèse décide d’aller rendre visite au tradipraticien guérisseur pour l’expérience mais aussi pour tenter de se débarrasser de verrues rebelles et d’une douleur lancinante au bras gauche. Après examen, le guérisseur part couper plusieurs morceaux de bois. Le médicament consiste en deux gros sacs d’écorces (poids total 3 kilos…) qu’il faudra faire bouillir avec de l’eau pour obtenir un liquide à appliquer sur la peau. Nous sommes loin des gélules ou pommades toutes faites en pharmacie !

ENTRE OCEAN ET LAGUNES

Grand Bassam

Notre traversée entre Man et Abidjan se fait en avion et c’est à Grand Bassam, ville classée au Patrimoine mondial de l’Unesco et située à 15 kilomètres d’Abidjan que nous décidons de poser nos valises pour pouvoir profiter de la plage et de ses cocotiers tout en rayonnant aux alentours. Après avoir fait une petite escapade technique à Abidjan pour faire notre test PCR, nous arpentons le quartier France où nous pouvons admirer de vieilles bâtisses coloniales du quartier France. Certaines sont décrépites d’autres en bon état comme le Palais du Gouverneur qui abrite un petit musée des costumes plutôt intéressant. Nous apprenons que la possession officielle du territoire de Bassam par la France a eu lieu en 1843, que Grand Bassam a été la capitale de la Côte d’Ivoire en 1893 et qu’elle a joué un rôle économique jusqu’en 1930 grâce à la mise en place d’une industrie du bois. C’est à cette époque que le quartier France s’est paré de belles demeures. Son wharf bientôt engorgé, les sociétés de commerce ont progressivement délaissé la cité côtière au profit d’Abidjan.

Abidjan

C’est à bord d’un gbaka (minibus local) que nous rendons à Abidjan et que nous retrouvons Francis notre guide d’un jour à Treichville l’une des 10 communes de cette mégalopole de 6 millions d’habitants de l’ethnie Ebrié. Comme nous n’avons pas de véhicule, nous circulons avec des woro-woro (taxis partagés) et les bateaux bus qui circulent sur la lagune Ebrié qui jalonne la ville d’Abidjan. Il faut savoir que le réseau lagunaire occupe 60% de la façade océanique sur 350 kilomètres de longueur. Notre premier arrêt est le village de pêcheurs Abobodoumé très typique où le poisson frais ou fumé est vendu. Sur ce marché les femmes travaillent à la chaîne pour préparer l’Attiéké, de l’épluchage en passant par le pressage et le séchage jusqu’à sa cuisson. Ensuite nous nous dirigeons vers le Plateau qui n’est autre que le quartier qui regroupe les administrations. Notre plus belle découverte est la cathédrale Saint Paul très futuriste qui domine la lagune du haut de ses 70 mètres et construite entre 1983-1985 par un architecte italien. A l’intérieur les vitraux représentant différentes scènes dont l’arrivée des colons sont de toute beauté. Peu après nous visitons le Musée des civilisations présentant de belles pièces dont des pièces Sénoufo et Dan, puis nous rendons au quartier chic de Cocody où se trouve le palais présidentiel. Nous dégustons un poisson-attiéké braisé qui fait la réputation du quartier à Blauckauss au bord de la lagune et attendons la fin de la pluie battante avant de nous rendre au centre artisanal à Marcory.

Famille, amis et visiteurs qui êtes confinés, nous vous dédions cet article pour que vous puissiez un peu voyager avec nous. Nous sommes bien conscients de la chance que nous avons de faire ces belles découvertes !

1er Gaou – Magic System

2 commentaires Ajoutez le votre

  1. Esther dit :

    Wouaouuuuh! Ah que oui, ça nous fait voyager!

  2. Henri dit :

    Toujours aussi dépaysant Merci Henri Isa

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